Que l’on soit au milieu de tous sur la berge ou seule à l’intérieur d’une cabine d’essayage, il y a une étape difficile à franchir.  Celle-ci est une véritable épreuve pour l’égo et il ne s’agit de rien d’autre que du passage à la tenue de bain : le maillot. Il pousse à se questionner sur son taux de confiance en soi ainsi que sur sa dépendance face à l’avis des autres.

C’est vraiment difficile à croire, mais à une époque, au cours des années 1970, porter un bikini était comme un symbole d’émancipation des femmes. Eh oui, vous ne rêvez pas. C’était bel et bien une libération. Il n’y avait pas de rejet de son apparence face aux standards sociomédiatiques de plus en plus stricts et au regard des autres. À cette époque, ce n’était pas vraiment important que les seins pigeonnent ou que le ventre soit plat. On n’accordait pas plus d’importance au fait que les fesses soient semblables à celles des Brésiliennes ou pas.

Les vêtements disparaissent et le moral avec

Nous sommes dans une autre époque avec de nouvelles mœurs. Malheureusement, de nos jours, pour porter un bikini, il faut en être digne. Ce droit, on le gagne généralement après des séances de préparation. Ces dernières comprennent des régimes en tout genre, des massages amaigrissants ou encore du yoga bikram. La culture actuelle est narcissique à souhait et n’acclame que les prouesses, les performances. Il n’est plus nécessaire de notifier que dans une telle culture, ni le mou ni le flou ne sont particulièrement apprécié. Ce qui explique que les magazines féminins se répètent continuellement d’avril au mois de juin sur le sujet de « l’épreuve du passage du maillot ». Ils abordent la question de toutes les manières possibles. Pour leur défense, il faut bien reconnaitre que c’est effectivement une épreuve. Cette dernière appartient à la catégorie des épreuves qui malmènent l’égo. En réalité, personne ne s’y soustrait vraiment. Que ce soit les orgueilleuses ou celles qui font preuve de désinvolture, elles passeront toutes par la case : cabine d’essayage. À ce moment-là, chacune ressentira tout au long de ce quart d’heure un petit malaise. On pourrait même dire que c’est véritablement le seul et unique moment d’égalité.

Un autre lieu de jugement : la plage

Généralement en face d’un regard amoureux, les différentes imperfections imaginaires ou palpables ont tendance à disparaitre mystérieusement. Cependant, elles deviennent particulièrement difficiles à assumer face au regard des inconnus. D’après le philosophe Sartre : « L’enfer, il s’agit des autres ». Toutefois, ne devrait-on pas dire qu’il s’agit plutôt des idées qu’on se fait du regard des autres ? Pour Catherine Blanc : « Tout dépend du capital confiance de chaque personne ». Plus on a confiance en soi et plus il sera facile d’oublier le regard des autres, de ne plus en avoir continuellement conscience. On se souciera moins de leur avis en tant que juge, de leur regard moqueur ou encore réprobateur. J’ai l’habitude d’accueillir des femmes qui sont en tout point belles, mais qui en dépit de cela, connaissent un  enfer sans nom. Il faut souligner que bien que tout dépende du vécu de chaque personne, les normes esthétiques actuelles n’aident pas beaucoup à s’apprécier soi-même.

L’amour de son corps doté ou non de rondeurs

Durant la période estivale de l’année dernière, Sabine du haut de ces 37 printemps a soudainement eu une prise de conscience. Celle-ci a réellement mis en branle ses différents complexes. « Au cours d’un pique-nique entre amis, il y avait des vacanciers italiens à côté. On en dénombrait environ une dizaine. Ils parlaient fort, rigolaient et s’adonnaient à divers jeux idiots. Les femmes, non pas une ou deux, mais toutes, avaient des rondeurs et étaient vêtues de bikini coloré. Chacune d’entre elles avait pourtant la quarantaine. Il y avait une telle sensualité et une telle joie de vivre qui émanaient d’elles. Nos époux avaient même du mal à conserver toute leur attention sur leurs pans-bagnats. C’est le jour où j’ai ressenti la certitude quasiment physique qu’il s’agissait juste du vrai. La beauté des corps et leur vérité sont bien loin de la perfection des courbes. Cela se trouve plutôt dans la vitalité qui s’en dégage. Le jour suivant, j’ai délaissé mon maillot une-pièce très BCBG pour un superbe maillot deux pièces de style hawaïen ».

Ce discours, il est également tenu par Claudia Gaulé. « S’imaginer sur une plage, pas comme s’il s’agissait d’un podium, mais plutôt d’un lieu de détente, de liberté et de plaisir. Ensuite, une fois que vous y serez, vous devrez le vivre ainsi en émergeant de votre esprit. C’est là qu’on vit une libération profonde. Pourquoi ne pas prendre l’habitude de s’arrêter parfois pour simplement ressentir ? Se dire à cette occasion, « je savoure cet unique instant qui passera à jamais ». Ainsi, on vivrait son anatomie d’une meilleure façon. En outre, c’est bien mieux que de passer son temps à se lamenter sur la taille de ses cuisses ou sur ses rondeurs abdominales. Il ne vous reste plus qu’à vous regarder avec un œil plus attendri. C’est sans aucun doute un geste à la hauteur de tous.